Extraits :
Sur Lucien Ardenne : Bâti en force, rude d’écorce comme ses Ardennes natales auxquelles il a emprunté son nom d’artiste, ce costaud promis aux lauriers du sport et du combat dissimulait la fleur bleue d’une vocation qu’un hasard découvrit sur le tard. Voilà comment éclot la tendresse de ce peintre des banlieues ouvrières...
Sur Roger Bezombes : Ne serait-ce pas dans la seule école qu’il ait assidûment suivie - l’école buissonnière - que ce riverain de la Seine a puisé ce goût passionné de tous les « au-delà », de tous les embarcadères ?
Sur Bernard Buffet : Cinq années ont suffi pour que, à peine entré dans l’histoire, la légende s’empare de lui. Pire même : l’obsédante, l’infantile, l’imbécile publicité qui hissa un pâle et secret adolescent fou de son art au rang des monstres sacrés de la comédie universelle ! Qu’importe ! Quiconque suit Buffet dans les métamorphoses de sa facture plus ou moins modulée, plus ou moins graphique, plus ou moins colorée, ne peut douter de se trouver face au labeur énorme d’un peintre témoin hors série et d’une personnalité exceptionnelle...
Sur Jean Commère : C’est dans les ateliers de sculpture que se forma ce peintre entre les peintres, dont le dur métier de vivre, la guerre, les années au sein de la douceur angevine, l’intime contact avec la nature et jusqu’aux longs mois de détention furent pour lui l’école décisive : celle où il fortifia ses dons innés par le culte et la pratique fervente du dessin...
Sur Roger Forissier : Ses voyages à l’étranger semblent avoir, ô semi-paradoxe, renforcé son goût pour les ciels mouillés et les berges grises de la Seine, mais il a su retenir, des pays de vive lumière, les leçons propices à rehausser de taches plus sonores le climat des enfers où s’édifie l’âge mécanique...
Sur Émile Grau-Sala : Venu de Barcelone avec le viatique de généreuse sensibilité que confère à ses enfants l’ardente Catalogne, et le bagage de spirituelle vivacité donné par le fondateur du Salon des Humoristes catalans - son père. Une sardane hésitation entre divers métiers, puis le choix de la création artistique à travers toutes ses techniques. Et des huiles, des gouaches, toutes éclairées par une tendre aptitude au bonheur auquel sourit un pur talent...
Sur Pierre Henry : Un assidu labeur solitaire poursuivi à contre-courant, à travers le désarroi et les querelles plastiques d’aujourd’hui, d’un cœur et d’un esprit rebelles aux facilités que s’autorise l’ignorance. Sa culture, son équilibre le désignent pour le rôle courageux du serre-frein dans la débâcle qui s’annonce...
Sur Camille Hilaire : Son ascendance lorraine, ses juvéniles contacts avec les labeurs manuels expliquent le studieux étudiant des Beaux-Arts de Paris qu’il fut clandestinement sous l’Occupation. Fidèle à la fraîcheur des couleurs qui avaient charmé son enfance horticole, il se situe au premier rang des peintres assez savants pour intégrer toutes les tendances...
Guy Dornand - Éditions Pierre Cailler