Extraits :
Sur Victor Brauner : Victor Brauner n’a jamais aliéné sa personnalité. Son style peut être assimilé à la pictographie. Il exprime les idées par des signes qui en figurent l’objet. Des hiéroglyphes et des idéogrammes alternent dans ses ouvrages avec des motifs traduits en chiffres clairs. Ses bêtes sont, elles-mêmes, des monstres imaginaires, mais aussi vraisemblables que les animaux scythiques et assyriens. L’ange du bizarre règne sur sa ménagerie. Son zoomorphisme est un culte inquiétant...
Sur François Desnoyer : Bien que le Montalbanais François Desnoyer dessine par la couleur, ses taches conservent parfois un arrière-plan graphique. L’artiste dont nous parlons est un prodigieux tempérament de peintre. Sa palette éclatante, son style élémentaire, d’une force instinctive brute, compensent l’art cérébral, produit sophistiqué d’une civilisation éminemment urbaine...
Sur André Fougeron : Fougeron sacrifie-t-il son art à ses idées ? Pendant l’âge des ténèbres, il tient tête à l’ennemi. Il crée le Front des Arts, infiltre au Cubisme un élixir de vie. Puis il abandonne cette voie souveraine pour s’engager dans celle du réalisme social, qu’il juge plus conforme à l’idée qu’il se fait des rapports entre le peuple et l’art. Son esprit de sacrifice et son courage méritent d’être signalés...
Sur André Lhote : André Lhote est l’un des vétérans du Cubisme primitif. Il peut revendiquer la tradition chromatique de Cézanne, ce pionnier qui faisait du Poussin sur nature, et la tradition linéaire de Ingres, qui marchait sur les traces de François Clouet. Comme le maître d’Aix, André Lhote, ce dessinateur d’une qualité très pure, construit par la couleur...
Sur André Masson : Mieux vaut tard que jamais. La revue new-yorkaise Arts reconnaît et proclame que l’art gestuel américain - l’Action painting de Kline et Pollock - fut porté sur les fronts baptismaux par Masson. Ses projections de sable sur des toiles imprégnées de colle forte datent en effet des années 30. Le cas d’André Masson prouve d’une manière pertinente, croyons-nous, que l’École de Paris continue son périple...
Sur Maurice-Élie Sarthou : Sarthou brûle les étapes. À ses tauromachies et à ses vues de la Camargue où règne le soleil de minuit font suite des paysages dont émergent les fantômes des formes minérales et des formes végétales, vues à travers le prisme des pierres précieuses...
Sur François Stahly : L’esthétique machiniste le fascine quand il construit son Signal en acier, ce totem de l’ère industrielle. Dans ses ouvrages de chambre et de jardin, il réagit contre la machinerie. Il imite la nature dans ses opérations et retrouve la cadence des structures naturelles. Stahly est un artiste baroque qui communie avec les forces telluriques du monde...
Waldemar-George - Éditions Pierre Cailler