Lettre aux jeunes artistes



En 1861, des élèves de l'école des Beaux-Arts de Paris, en réaction contre l'enseignement académique qui y est dispensé, demandent à Courbet d'ouvrir un atelier et de les initier aux pratiques de son art. Le 9 décembre, le peintre ouvre sa porte, deux semaines plus tard les élèves sont au nombre de quarante-deux.
Courbet leur écrit une lettre...

Extrait :

Je n'ai pas, je ne puis pas avoir d'élèves. Moi, qui crois que tout artiste doit être son propre maître, je ne puis songer à me constituer professeur. Je ne puis pas enseigner mon art, ni l'art d'une école quelconque, puisque je nie l'enseignement de l'art, ou que je prétends, en d'autres termes, que l'art est tout individuel et n'est, pour chaque artiste, que le talent résultant de sa propre inspiration et de ses propres études sur la tradition. Il ne peut pas y avoir d'écoles, il ne peut y avoir que des artistes. Je ne puis donc pas avoir la prétention d'ouvrir une école, de former des élèves, d'enseigner telle ou telle tradition partielle de l'art. Je ne puis qu'expliquer à des artistes, qui seraient mes collaborateurs et non mes élèves, la méthode par laquelle, selon moi, on devient peintre, en laissant à chacun l'entière direction de son individualité, la pleine liberté de son expression propre dans l'application de cette méthode.

Gustave Courbet - Correspondance de Courbet - Flammarion